Que sont les cookies ?
Biscuits ronds, dont la pâte comporte des éclats de chocolat, de fruits secs et/ou (soyons fous) quelques smarties ! Particulièrement riches en beurre, ces délices créent des ravages sur la balance et… donnent leur nom en informatique à des « petits fichiers déposés sur le disque dur de l’internaute, lors de la consultation de certains sites web, et qui conservent des informations en vue d’une connexion ultérieure. » (définition Wikipédia).
En pratique, ces petits traceurs s’installent sur votre ordinateur, mobile ou tablette lorsque vous naviguez sur un site internet. Ils servent à identifier un internaute, à sauvegarder ses préférences (historique, mots de passe, etc.), ce qui peut faciliter sa navigation. Mais restons transparent : ils sont également un outil de marketing très affuté permettant de profiler les gens et leurs préférences publicitaires. Par exemple, si vous achetez une paire de chaussures sur internet et que vous voyez ensuite s’afficher des publicités pour des chaussures sur tous les sites que vous visitez, c’est qu’il y avait des cookies dans l’air.
Défendus par les développeurs de services en ligne gratuits, qui survivent grâce aux revenus publicitaires qu’ils génèrent, ces cookies ne sont pas des virus et ne sont pas, en théorie, des logiciels espions. Mais leur utilisation est dénoncée par les partisans du respect de la vie privée car ils peuvent stocker des informations personnelles qui peuvent être utilisées par des tiers dont l’internaute ne soupçonne même pas l’existence lorsqu’il navigue sur un site. Sachant que certains cookies peuvent rester stockés longtemps (jusqu’à 10 ans en théorie).
Aujourd’hui, la réglementation contraint les sites internet à informer d’entrée l’internaute de la présence de cookies tout en mentionnant à quoi ils servent. Il est donc possible de les personnaliser et de choisir leur durée. Bref, de mieux les contrôler.
D’où vient ce régime anti-cookies ?
La montée des débats sur la protection des données ne permet à nos cookies d’avoir le vent en poupe. Ils sont aussi de plus en plus rejetés par les navigateurs. Apple, dont le moteur de recherche, Safari, bannissait déjà par défaut les cookies tiers, a été encore plus loin dès 2017 en intégrant une fonction qui limite à 24 heures l’action des cookies installés sur les sites visités et les supprime automatiquement au bout de 30 jours sans nouvelle visite. Accusé par le milieu de la publicité de « saboter » le modèle économique d’internet, Apple avait rétorqué : « Beaucoup d’internautes estiment que la confiance est brisée quand ils sont traqués ou que des données privées issues de leur activité en ligne sont utilisées à des fins qu’ils n’ont jamais acceptées formellement ».
Dans la même veine, en 2019, le navigateur Firefox a lui aussi modifié son réglage pour bannir par défaut les cookies tiers. Sans parler du navigateur français Qwant, qui fait du respect de la vie privée et du « rejet du tracking publicitaire » son credo.
En s’y mettant maintenant, Google donne donc l’impression de suivre le mouvement. Et se positionne en gardien de la vie privée. Mais c’est illusoire car si l’on regarde de plus près, Google ne vise pas ses propres cookies, mais ceux des sites visités par les internautes.
Google protecteur de la vie privée ?
Dans les faits, contrairement à ses concurrents, Google n’a pas vraiment besoin de ces cookies tiers pour traquer les internautes. La majorité des applications qui font notre quotidien lui appartiennent : Gmail, Gmap, Google Analytics, Gsuite etc…
En utilisant les données récoltées à travers ces applications, Google est en mesure de traquer les internautes de manière beaucoup plus fine. Nul besoin de cookies et limite au contraire puisqu’il est désormais possible pour les internautes de les éviter, c’est presque plus assez rentable du point de vue du géant de la toile.
Selon Justin Brookman, en charge de la protection des données personnelles et des questions technologiques au sein l’association de consommateurs américaine Consumer Reports, « Google déprécie les cookies pour la seule raison que les utilisateurs ont un certain degré de contrôle sur eux. Google veut migrer vers des mécanismes de suivi inter-sites et inter-dispositifs qui ne peuvent pas être évités du tout ». Ce qui est déjà le cas du « tracking » via ses applications.
Google qui protège la vie privée des internautes c’est… l’hôpital et la charité.