Le Pape est mort. L’ananas fait maigrir. La Nasa clone des êtres humains.
Le point commun de ces rumeurs ? Elles ont toutes étés partagées sur les réseaux sociaux. A défaut d’avoir été vérifiées, elles ont été commentées et ont bénéficié d’une visibilité médiatique dont nombre de faits d’actualités réels et avérés pourraient avoir besoin.
Seulement dans l’ère d’immédiateté que nous vivons, la mésinformation règne au détriment d’une compréhension réelle ou à minima pragmatique de l’actualité.
Nous sommes devenus un nouvel objet scientifique non identifié
De nombreux sociologues se sont penchés sur les phénomènes sociaux liés à Internet et à ses médias, notamment sur la « viralité » des informations infondées ou fausses. Ils ne sont pas les seuls. Depuis plusieurs années, des mathématiciens, des physiciens, des chercheurs en informatique se sont aussi intéressés à ces problématiques, en apportant leurs propres outils et méthodes d’analyse.
Ainsi a émergé un nouveau champ de recherche : les « sciences sociales computationnelles ».
Traduction ? Nos comportements ont beaucoup évolué pendant l’ère 2.0.
Sans pour autant entrer dans le détail scientifique des travaux effectués jusqu’alors permettez-moi d’attirer l’attention sur la conclusion inquiétante d’une récente étude de l’OCDE (2017) :
Les fake news ont dix fois plus de chance d’être partagées sur les réseaux sociaux.
Deux raisons :
1) L’analphabétisme fonctionnel, soit l’incapacité à comprendre clairement un texte, concerne la moitié de la population active en Europe entre 16 et 65 ans
2) « Le biais de confirmation » : il s’agit d’un biais cognitif selon lequel chacun tend à ne voir que ce avec quoi il est d’accord et à ignorer le reste.
Les réseaux sociaux modifient nos comportements … ou l’inverse ?
En somme, les fake news sont souvent sexy et/ou viennent répondre à des questions qu’on se pose (pas). Qui n’a pas déjà cliqué sur « 4 kilos par semaine avec deux ingrédients simples » ? On sait pourtant bien que s’il y avait un seul dixième de chance que ce soit vrai, l’obésité sur terre serait enrayée depuis longtemps…mais quelque chose au fond de nous a envie d’y croire. Puis seul derrière son ordi, que coûte un simple clic de curiosité ?
Sauf qu’à ce moment-là , on est quelques millions à se dire la même chose.
Autre paramètre important : on aime bien avoir raison (et on n’a pas attendu Internet pour ça !). Cela se traduit aussi en taux de clics. Exemple : Si vous croyez en la présence des extra-terrestes , votre attention sera attirée par tous les articles traitant de faits paranormaux. Y compris des papiers non-validés par la communauté scientifique. Ce qui vous intéressera ce n’est pas tant la véracité de l’info que la confirmation de votre théorie sur le sujet.
Conséquence ? les internautes forment des groupes solidaires qui auto-entretiennent leurs opinions et préjugés.
A-t-on envie de contribuer à cette version glamour et creuse de l’information ?
Le mélange de ces paramètres génère un terreau fertile pour des manipulations en tout genre tant marketing que politique. En 2015, une jeune femme s’est rasé le crâne et a prétendu s’être faite tondre par d’autres personnes. Le temps que la plainte (non-déposée) soit remontée puis traitée par la police, qu’une enquête (même effectuée en un temps records de quelques jours) prouve le fake … La nouvelle avait pris une dimension nationale et la jeune fille a pu faire parler d’elle partout. Un budget publicitaire à prix d’or.
Conclusion
Important : ne partagez pas un article dont le titre vous a paru aguicheur alors que vous ne savez pas ce qu’il contient. Inversement, un commentaire peut être contre-productif dans le débat si vous n’avez pas au moins cliqué sur le lien pour vérifier le contenu du propos.
Dans le cadre professionnel ou entrepreneurial, internet est un outil utile mais dangereux. S’il est super bien vu de rester réactif, une fake news partagée trop rapidement peut nuire à votre crédibilité.